Témoignages


« Un ange est passé. Ah, l’arrache-cœur !

Toi, orfèvre de l’amour,
Laborieux de chaque jour,
Assassiné dans la nuit
Par l’arbitraire inouï.

Accepter l’inacceptable,
Transcender l’être ineffable,
En ta mémoire ici-bas,
Reprendre en chœur avec toi :

« Solo le pido a Dios
Que la guerra no me sea indiferente
Es un monstruo grande y pisa fuerte
Toda la pobre inocencia de la gente. »

Un ange est passé. Terrible douleur.

Toi qui marche sur la plage,
Le soleil sur ton visage
Luit ta bonté en partage,
clarté entre les nuages.

Homme de fraternité,
Citoyen de l’Europe et du monde,
Chante la félicité
D’un azur sur Terre moribonde. »

  • David B.

Bonjour ce petit message suite à votre publication du jour. J’ai connu Bartek, lors de mon arrivé à Strasbourg en 2017 et lors de mon intégration à l’association Alsace Bandes Dessinées, organisatrice du Festival Européen de la Bande Dessinée Strasbulles. Je n’ai pas eu la chance de le côtoyer longtemps car il a été fauché trop tôt pas la haine et la folie meurtrière. Humble, toujours disponible dans les moments de joie comme de tristesses, d’une générosité sans faille, son souvenir restera éternel…

  • Emilien

Bartek était un vrai Strasbourgeois qui adorait cette ville et y était très actif dans toutes activités culturelles, artistiques et sociales. Il prenait le temps de s’impliquer dans une multitude de projets ou événements toujours avec beaucoup d’énergie et ambition. Beaucoup plus qu’une ville d’adoption, Strasbourg était sa ville de coeur ♥️ il connaissait l’histoire de la ville sur le bouts de ses doigts et était très fière de transmettre son savoir. Il était le parfait représentant de la ville dans sa dimension multiculturelle, progressiste et européenne.

  • Margarita

Bartek savait vraiment remonter le moral, des troupes mais aussi individuellement. Il me faisait rire quand je pleurais. Il avait toujours de belles idées et savait s’amuser. Il était tout en douceur et tellement en harmonie avec lui-même. Un véritable exemple, multiculturel et surtout dans l’acceptation de chacun. Merci 💛

  • Audrey Bauer

Comment décrire quelqu’un qui est indescriptible. Bartek est (je préfère d’utiliser le temps au présent) un pont vers l’autre, vers l’autrui, vers ailleurs. Il est capable de se naviguer entre les différents ruisseaux, lacs, étangs, rivières, canaux et océans dans les labyrinthes de cette aventure pas toujours tendre appelée vie. Il n’est guère besoin d’une boussole mais il atterrit au point, à l’heure et aux gens nommés. Son esprit et son âme planent partout et son parfum de vie laisse une odeur inimitable. Il incarne à lui-même seul ou bien accompagné d’amis ou d’inconnus cet esprit européen qui prôné la tolérance, la solidarité et le partage à visage réel et humain. J’ai trouvé en Barket non seulement un frère; j’ai trouvé moi-même. Je vous invite tous à prendre le chemin avec Bartek. Vive l’esprit bartekien!

  • Yans Pol

Bonjour,
Je m’associe avec plaisir à cette demande.
Bartek rayonnait dans Strasbourg, une ville qu’il connaissait comme sa poche. Il était un homme de lien, papillonnant d’associations en événements, et mettant les gens en contact.
Bartek était toujours là : là quand on avait besoin de lui, là pour refaire le monde,là où on l’attendait le moins, là au détour d’une rue.
Ce n’est qu’un juste retour des choses qu’un lieu porte son nom !
Amitiés,

  • Antoine Levy

Bâtisseur
Anarchiste
Révolté
Témoin
Kiffant
En adelphité

  • Georges Yoram Federmann

Bartek incarnait le pourquoi je suis tombée amoureuse de cette ville : cosmopolite, multiculturel, curieux et surtout infiniment généreux et aimant…sa disparition laisse une blessure qui ne se refermera jamais…et je refuse qu’il soit oublié…

  • Véra Schnur

Depuis plusieurs jours nous pleurons un ami cher que nous n’avons pas assez connu et que malheureusement nous ne connaîtrons plus que par ce qu’il a laissé de lui, un ami qui aurait mérité qu’on lui accorde au moins un dixième de l’attention qu’il portait aux autres, un dixième de l’amour qu’il donnait sans limite autour de lui.
Dans une société trop dense, trop pressée, trop stressée dans laquelle on est capable de s’étriper pour une place de stationnement, une réflexion mal interprétée, un pleur de gamin au restaurant, ou dans la file d’attente d’un cinéma, toi, Bartek, tu avais choisi de t’extraire de tout cela, de toute cette tension, de ces cris et de cet affrontement incessant pour être simplement là avec ton sourire et nous dire de cette façon ingénue qui désarmait tant « moi je suis là, je peux aider ! ».
Aujourd’hui il est trop tard, et nous ne rattraperons pas le temps perdu, mais, nous membres d’Alsace Bande Dessinée qui vivions une belle aventure à tes côtés, proposons de lancer un cri qui portera ton nom, un cri pour dire que nous ne voulons plus du terrorisme ni chez nous, ni ailleurs. Nous voulons une société dans laquelle chacun a le droit d’exprimer ses opinions, ses valeurs, ses certitudes et ses incertitudes, et de vivre à sa manière sans gêner son voisin, mais où personne, non personne et d’aucune façon que ce soit n’a le droit, de contraindre, de blesser ou de tuer pour imposer ses valeurs à autrui.
Bartek ne prétendait pas combattre le terrorisme, mais au travers de ses interventions dans les radios ou dans les associations Musique pour la paix, accueil des jeunes transfrontaliers, Polonais à Strasbourg, chant, danses folkloriques, théâtre ou BD, et de toutes ses actions en faveur de la Palestine, LGBT, des différentes cultures et toutes les causes qui le touchaient il se battait contre les différences et pour l’amour, la tolérance et la paix dans le monde, pour une société sans terrorisme, attentive à chacun, plus respectueuse et plus tolérante envers les différences de toutes sortes.
Aujourd’hui, l’association Alsace Bande Dessinée lance ce cri et propose à tous, jeunes et moins jeunes, avec ou sans talent, de toutes convictions, de toutes religions, et de toutes origines, d’exprimer par un dessin, un strip, une ou plusieurs pages de BD son sentiment profond face à l’intolérance et au fanatisme dans notre monde actuel.
Ces œuvres feront l’objet d’une vaste exposition présentée dans le cadre de Strasbulles en juin 2019.
Un prix « Bartek » récompensera la réalisation qui aura le mieux exprimé l’aspiration de notre société à la paix et à la tolérance.
Merci d’adresser vos réalisations pour le 30/04/2019 au plus tard, à
Alsace Bande Dessinée
Maison des associations
1, Place des orphelins
67 000 STRASBOURG

  • Lionel Wurms
    Président d’ABD – Alsace Bande Dessinée
    Créateur de Strasbulles – Festival Européen de la Bande Dessinée

Association Valiske :

Déclaration des amis de Bartek Orent Niedzielski, signée par Lloica Czackis et André Kosmicki (ENGLISH and POLISH below)
Touchez pas à Bartek!
Le 16 décembre 2018, nous avons perdu un Ami qui nous inspirait par sa joie de vivre, sa curiosité des autres et son appétit pour le monde.
La balle a assassiné au centre de la capitale de l’Europe, à Strasbourg, d’abord un citoyen de l’Europe et puis un citoyen du monde.
Car Bartek croyait en Europe et en sa coexistence pacifique. Il était fasciné par sa diversité culturelle.
Une fois de plus, la tragédie humaine est devenue dans son pays d’origine, la Pologne, une occasion d’une cynique récupération politique.
C’était bien le cas après l’accident d’avion polonais à Smolensk ou les hyènes de l’extrême droite ont exploité et exploitent encore le drame des victimes et de leurs proches.
C’était le cas, après l’assassinat du chauffeur de camions Lukasz Urban, à Berlin en décembre 2016.
Nous, les amis de Bartek, disons NON à l’exploitation politique de sa mort par les extrémistes de droite.
Bartek avait honte de vous et s’inquiétait constamment de la destruction systématique du projet européen par l’extrême droite en Pologne et Hongrie.
Malgré votre politique et votre monopole sur les patriotismes polonais et hongrois, Barto trouvait de l’énergie dans la culture populaire volée par les populistes.
Il dansait formidablement les danses paysannes hongroises et polonaises. Il parlait couramment polonais, hongrois et yiddish. Il était membre actif de l’atelier de danses populaires « Wiosna ».
Pour la mémoire de notre Ami, pour le respect de sa famille, nous demandons que les personnes qui crachent quotidiennement sur les valeurs qu’il défendait n’exploitent pas sa tragique disparition !


Quand le soleil se couche est ce que sa lumière disparaît elle ? Quand un être merveilleux rejoint les étoiles, disparaît il pour autant ? Ou alors, laisse t il un sillage de luminosité derrière lui ? Une leçon de vie par exemple… de penser que la vie est fragile et qu’il est important de profiter de chaque instant, des êtres aimés, faire le bien autour de soi, tisser les liens sacrés d’amitiés envers et contre tous ! Une belle façon de perdurer ce sillage de luminosité..Oui ! De la lumière contre toute forme d’obscurantisme.. Cher ami, le seul mot que tu voulais crier partout était PAIX ! REPOSE EN PAIX…. et Adieu l’ami Barto Pedro Orent-Niedzielski♥..

  • Athis Belkis

Mon cher Bartek, à mon tour de te dire au revoir.
Mercredi dernier, coup de téléphone d’Audrey qui m’annonce que dans la fusillade de Strasbourg, tu fais partie des victimes. Je ne peux pas croire qu’un attentat puisse nous toucher d’aussi près. La peine ne vient pas tout de suite mais elle se fera ressentir comme un coup de massue, je suis sonnée… Soudain, mes 3 années aux Arts déco refont surface : Audrey Gilliot, Christian Layolle, Maga Lili , Yoko Homareda, J Gregorio Yong Vivas, Gaël García Valencia… et Toi, si enjoué à la coloc rue Paul Janet.
De toutes les fêtes, les concerts, les projets…tu étais partout ! Les articles du DNA ou Libé le prouvent : « Victime aux milles vies »
Au revoir Bartek, charismatique et joyeux de vivre : Ta vie a été belle. Tous ceux que tu as croisé ont pu te le montrer par des hommages ici ou en vrai à Strasbourg à l’hôpital.
Une vie remplie d’amour est une vie accomplie !

  • Laetitia Vandamme

Merci Bartek….Bartek Orent-Niedzielski
« Ce qui a changé hier
Devra changer demain
Tout comme moi je change
Sur cette terre lointaine
Ca change, tout change (x4)
Mais mon amour ne change pas
Qu’importe la distance à laquelle je me trouve
Ni le souvenir, ni la douleur
De mon peuple et de mes gens »
Merci pour l’amour et le partage Bartek, ta présence est là, toujours parmi nous…

  • Colette Riehl

À toi notre ami… difficile de mettre des mots à cette douleur…
Il se peut bien qu’un jour tu nous fasse un signe à chacun d’entre nous parce que tu nous a tous apporter quelque chose de magique…
(De toi à moi je te promets de faire attention à cette clique…)
Bien que ces moments sont douloureux, nous avons refait le monde et malgré ton absence, tu étais avec nous….
Nous avons ri et pleuré ensemble, et dans cette perte incompréhensible, on a enfin pris conscience de l’importance du message que tu voulais faire passer……
Plus les jours passent plus l’insomnie se présente : le souvenir de toi ton sourire ta voix… il nous semble que tout cela est irréel…
Mais la réalité nous rattrape, alors, nous allons tous continuer à penser extrêmement fort à toi, et surtout ne pas oublier cette sorte de devise que tu nous as laissé
« qu’il faut tout simplement croire en l’amour de l’humanité ! »
Très cher Bartek une partie de toi restera à jamais dans notre cœur !
On te souhaite de faire un magnifique voyage où que tu sois.
( je pense que là où tu es, et, malgré les croyances de chacun tu vas surement faire changer les choses)
Difficile d’écrire ces derniers mots mais :……..
Au revoir Bartek

  • Chicana Alvarez Lopez

Bartosz, Bart, Bartek !
Dans quelques heures, cela fera une semaine que tu es tombé. C’est encore difficile d’y croire et pourtant c’est vrai.
Je t’écris maintenant, en ce temps historique, où comment la petite histoire a rejoint la grande ! Ou la grande la petite…
A l’annonce de l’attaque, j’ai été presque blasé et de me dire, ça y est c’est à notre tour, au tour de Strasbourg. Blasé comme au 2ème voyage des Américains sur la Lune. Je suis ressorti le soir pour aider une amie d’amie, une Japonaise, à lui prêter un chargeur de téléphone pour rassurer ses parents, et je l’ai raccompagné chez elle. Les rues transpiraient la peur. Je suis rentré chez moi, rassuré de me dire que mes proches n’avaient rien, et pas une seconde penser que quelqu’un que je connaisse puisse être victime. L’immédiateté et les chaînes d’information en continu avaient pris le dessus dans une curiosité morbide… Strasbourg devenait le centre du Monde, pour quelques heures, pour quelques jours seulement. Une chose écrasant la précédente.
Le lendemain, mercredi, le choc d’apprendre pour toi. Je t’ai vu le soir. J’ai tourné en rond dans l’hôpital, m’inquiétant d’un autre ami, Fabrice. J’ai beaucoup pleuré avant de rentrer dans ta chambre et d’affronter le regard de ta maman et de tes frangins. Presque honte d’être en vie moi-même. Il fallait pourtant rester solide. Puis essayer de parler avec les amis croisés à l’hôpital, Hélène, Jean-Cyrille… Dans la rue, le tram , tenter une explication au téléphone et sms avec des ami(e)s qui voulaient des nouvelles. Mais aussi des amis de Bruxelles, de Berlin, d’Izmir… Impossible de dormir.
Des informations te disait être tombé avec Antonio et les 2 musiciens, au café Les Savons d’Hélène, relayées par la presse polonaise, qui parlaient de toi en héros, d’un Bataclan évité. Et franchement je te voyais bien tenter de raisonner ce tueur.
Le jeudi soir, soirée pour toi à la Maison Mimir, de la musique, du feu dans la cour, beaucoup de gens que je n’avais pas vu depuis longtemps. Tu étais pendant ce temps dans le Coma, et tu nous rassemblais ici et maintenant. Je n’ai pu rester longtemps car il fallait, avec Sabine, coucher le petit Joseph. Coup de fil de Denis Tricard des DNA. Impressionné. Mais qui est ce Bartosz, Bart, Barto ou Bartek, qui avait l’air d’être partout ? Impossible de te décrire précisément, comme la partie immergée d’un Iceberg. Et c’est tant mieux. Parmi les infos qu’il avait déjà récolté, je lui disais alors que tu étais aussi intéressé et engagé dans la culture Yiddish, langue que tu as chanté chez Dominique Klein en 2012 pour récolter des dons pour le Nicaragua. Je luis disais aussi que ton rêve de toujours était d’ouvrir une Auberge linguistique à Strasbourg, pour rassembler, encore rassembler, l’amitié la paix, la curiosité du Monde, de Tout ! Comme il l’a écrit, Strasbourg retenait son souffle pour toi !
Moi-même qui t’ai cru condamné, j’ai vu le soutien grandissant de tellement de gens et d’amis. J’ai recommencé à croire qu’un miracle serait possible. Tu étais toujours là, il suffisait d’y croire. Tu t’en sortirais et deviendrais même thaumaturge, comme Sainte Marthe, Saint Thomas Hélye, ou plus proche de chez nous Sainte Odile. Car oui, comme disait Pierre Kretz, quand j’étais petit j’étais catholique ! J’étais même ému de voir Luc Arbogast, cet ancien de la place de la Cathédrale, implorer Sainte Odile, notre sainte patronne, à veiller sur la Région…
Puis 2 jours en haleine de grand n’importe quoi par les journaux et les réseaux sociaux qui t’ont fait mourir à plusieurs reprises. J’avais mal pour ta famille. Tu étais le chat de Schrödinger, là ET pas là, là où l’on attendait un OU. Grâce à ton frère Jakub, on pouvait couper le fil de la rumeur. Tu étais toujours là, tu avais besoin de nous, on pouvait venir nombreux, les horaires de visite n’étaient plus…
Je suis retourné te voir samedi soir. Je n’ai pas pleuré. La salle de rééducation de l’hôpital était « squattée » pour la famille et les amis, du monde arrivait encore pour te voir. Je revoyais Izabela et Michele qui arrivaient de Turin pour te voir. Je ne les avais pas vu depuis 10 ans. Et des gens que je découvrais, Christophe Lebold, Carol Styl, Renata qui t’avais fait bosser au Parlement européen, ton père de Pologne que je n’avais pas vu depuis ton anniversaire Concert avec lui en septembre 2017… A l’étage de ta chambre, encore du monde, un guitariste qui jouait du flamenco. Vache, une véritable chaîne de solidarité. En fait si j’ai pleuré parce que c’était beau.
Le hasard a voulu que ce soit avec Michel (Charton je crois). La dernière fois que je t’avais croisé cet automne 2018 place saint Guillaume c’était justement avec Michel, avant qu’on aille se manger un truc au Zorba et parler de nos projets, que tu voulais rejoindre « mon » Association, etc. Donc de nouveau tous les trois ensemble. J’ai senti ta présence encore plus que mercredi soir. Je t’ai parlé des amis, je t’ai dit des prénoms, des noms de quartiers, de la Ville que tu aimais tant, de notre voyage entre Strasbourg et Bruxelles qu’on avait fait tous les deux en 2011, des amérindiens Teko de Guyane qu’on avait accueilli à l’automne 2013 pour l’hommage à l’ethnologue Eric Navet, organisé par Colette Riehl, et où tu avais organisé un repas anniversaire avec eux, pour eux. Je ne sais même pas si tu sais que je t’avais mis dans le générique du film. Je t’avais laissé un dvd mais l’avais-tu vu ?
On t’a pris la main chacun d’un côté, Michel t’a récité des mantras, c’était paisible et beau. Puis on est parti, il fallait laisser la place aux autres… On t’a dit qu’on allait mettre les bouteilles au frais pour une grosse soirée quand tu sortirais de l’hôpital…
On apprendra dimanche soir, ici par ton frère, ton décès. Par les Savons d’Hélène que tu es tombé en fait rue des Orfèvres. Fin du suspens, Triste nouvelle. Vide. Le miracle n’a pas eu lieu. Du moins dans ce monde-ci. Les pensées émues pleuvent depuis ici et ailleurs. Peu importe, tu restes mon héros. Comme les autres victimes, ton pote Antonio, les musiciens, et les autres, vous êtes des héros ! Ce centre-ville meurtri où j’ai grandi, cette rue des Orfèvres, celle des Grandes Arcades, cette rue du Saumon où mon ami d’enfance a grandi. Ça aurait pu être quelqu’un de ma famille qui soit tombé mais ça a été toi mon ami. Le destin, le hasard et la nécessité comme disait Monod ? On essaye de se raccrocher à quelque chose…
L’heure est encore à l’émotion, l’Histoire nous apprendra les détails du comment du pourquoi… ou du pourquoi on ne saura jamais. Tellement de belles choses ont été dites ici pour toi que je ne peux en rajouter. Quelqu’un a dit ici qu’avec toi l’humanité devenait contagieuse. C’est bien dit.
Bartek, Bart, que je connais depuis 2002, j’ai toujours dit de toi que tu étais le plus strasbourgeois des polonais ou l’inverse.
On te dit de Pologne, de Katowice, et c’est vrai. Mais tu étais plus Strasbourgeois que moi-même. Tu es Strasbourg, tu es la grande histoire. L’humanisme rhénan, l’Europe des fondateurs, et tout le vocable en faveur de la paix, c’est toi. Face à ton engagement et toutes ces langues que tu parlais, tous ces gens que tu rassemblais, je me sentais petit. Avec toi à vélo en Hollande, en quelques heures tu avais appris des notions et savais parler aux gens alors que tu étais de langue slave ! Et même en transit je t’ai encore vu aider. Ici des étudiants, là des démunis…
Tu sais, je ne t’ai pas appelé an mars dernier quand j’étais à l’hôpital, car sinon tu serais venu tous les jours me voir, et tu en aurais trop fait. Je te savais occupé ailleurs sur tes causes, loin de ce monde du tout-argent et de la connerie, je voulais t’épargner de moi, tu étais plus utile ailleurs. Maintenant Strasbourg a perdu un Mensch, comme disait Fabienne Regard ! J’espère que Strasbourg ne se perdra pas toute seule, sans des gens comme toi.
Bien-sûr la Vie et la Lumière, va revenir doucement mais j’espère que ce qui t’es arrivé, à toi et aux autres, à tous ceux qui souffrent encore, ne sera pas vain. Qu’au sens psychanalytique nous avons tous une part de responsabilité pour en être arrivé là. Que ces actes de terreur d’êtres perdus et idéologisés ne doivent pas nous plonger dans la haine de l’autre, de l’étranger, ce qui serait une spirale de destruction, mais bien de nous faire réfléchir à de nouveaux horizons pour sortir de l’avarice, de la cupidité et de la bêtise de ceux qui se sentent puissants et immortels, mais qui abîment en fait les sociétés humaines et même la Vie dans tout son sens. Je te savais sensible à Nuit Debout et aujourd’hui aux Gilets jaunes, de tous ceux qui pensent et espèrent qu’un autre Monde est possible !
Tu vas la faire cette auberge linguistique. Multi-ethnique, ou multi-culturelle comme le pensent aussi d’autres. Je souhaite, et je te l’ai dit devant ta maman et tes frères, qu’un jour prochain une Auberge porte ton nom, pourquoi pas celle de la Manufacture des Tabacs recyclée, dans ce quartier de la Krutenau que tu aimais tant !
Comme te le disait Michel samedi soir, ce qui t’arrive nous aide à devenir moins con !
Et maintenant on fait quoi ?

Salut Bart ! Ton ami Julien Mathis, Strasbourg le 18 décembre 2018

photos : qq souvenirs personnels d’une cyclo-randonnée sur les traces de l’Europe avec Bartosz en juin 2011.
Je rajouterais prochainement, dès que j’en retrouve, d’autres photos sur le réseau social. 🙂
Même si c’est personnel, je souhaitais partager ma pensée, cet hommage, publiquement, pour lui, sa famille, ses ami(e)s, qui l’ont connu et/ou qui n’auraient pas pris connaissance de la triste nouvelle.
Pour ses causes et combats multiples dans lesquels Bartosz était engagé !
Que sa mort, comme celle des autres victimes, et tous les blessés, leurs familles ami(e)s qui souffrent… Que cela puisse nous aider à ne pas tomber dans la haine de l’autre et nous aider à changer (ou démoder) cet ancien Monde, à changer de paradigme…
Ne l’oublions pas !

  • Julien Mathis

Celui qui a dit « Personne n’est irremplaçable » ne connaissait pas Bartek….
Bartek, où que tu sois, ils ont de la chance ceux qui sont près de toi …
J’ai de la chance de t’avoir connu et d’avoir été ton amie..
Tu me manques et je t’aime, et infiniment…
Merci de prier pour cet être merveilleux qui nous a quitté suite à l’attentat du 11 décembre 2018 à Strasbourg… Après 5 jours de coma, le voilà dans l’au-delà, depuis le 16…
Une rue à Strasbourg devrait porter le nom de Bartek Orent-Niedzielski.
Tout mon amour et soutien à ta famille et tes amis, Bartek…
Je ne serais pas étonné que tu sois en train d’aider à sortir de l’enfer celui qui t’as tiré dessus et qui doit franchement être très mal à l’heure qu’il est..
à jamais dons mon cœur, Bartek.. <3

  • Irina Losseva

  • article « Hors Normes »



  • Message de la Commission Européenne.

La commission européenne remet chaque année à Bruxelles, des prix aux jeunes journalistes, le prix Megalizzi-Niedzielski, nommé en hommage à Bartek et son ami Antonio, tous deux tombés lors de l’attaque du 11/12/2018.
Voir https://ec.europa.eu/regional_policy/policy/communication/partnership-with-media/megalizzi-niedzielski-prize_en